La Pentecôte

Publié le par lepontdusalut

LA PENTECÔTE

 

 

Marie d’Agréda dit :

 

Les douze apôtres, avec les autres disciples et fidèles, demeuraient tout joyeux en la compagnie de la grande Reine du Ciel, attendant dans le Cénacle la promesse du Sauveur, confirmée par sa très-sainte Mère, qu’il leur enverrait d’En-Haut l’Esprit Consolateur, qui leur enseignerait toutes choses et leur rappellerait tout ce qu’il leur avait dit. Ils étaient tous si intimement unis par la charité, que, durant tous ces jours-là, aucun n’eut une pensée, un sentiment, une impression contraires à ceux des autres. Ils n’avaient en toutes choses qu’un cœur et qu’une âme. Aussi n’y eut-il entre tous ces premiers enfants de l’Eglise aucune dispute, ni la moindre apparence de discorde, quand il s’agit de l’élection de saint Mathias ; et pourtant c’était une de ces occasions où les plus sages mêmes sont ordinairement divisés, parce que chacun prétend être de ce nombre pour s’attacher à son opinion et ne point se ranger à celle d’autrui. Mais il n’y eut aucune division dans cette sainte assemblée, où tous, unis par la prière et par le jeûne, attendaient la visite du Saint-Esprit, qui n’habite point dans les cœurs divisés. Or, afin que l’on sache combien cette union de charité fut puissante non seulement pour les disposer à recevoir le Saint-Esprit, mais aussi pour les aider à vaincre les démons et à les chasser, il faut remarquer qu’au fond des enfers, où ces rebelles étaient encore abattus depuis la mort de notre Sauveur Jésus-Christ, ils se sentirent accablés d’une nouvelle oppression et saisis d’une frayeur extraordinaire, à cause des vertus des fidèles qui se trouvaient dans le Cénacle. Quoiqu’ils ne les connussent point en particulier, ils comprirent que de ce saint lieu sortait une puissance mystérieuse qui les opprimait, et alors ils crurent que leur empire serait détruit par les changements que ces disciples de Jésus-Christ commençaient à opérer dans le monde par la pratique de sa doctrine et l’imitation de ses exemples.

 

La Reine des anges, la bienheureuse Marie, connut par la plénitude de la sagesse et de la grâce le temps et l’heure déterminés par la Divine Volonté pour envoyer le Saint-Esprit sur le collège des apôtres. Les jours de la Pentecôte étant accomplis, c’est-à-dire cinquante jours après la résurrection de Notre Seigneur et Rédempteur, la bienheureuse Mère vit que dans le Ciel l’humanité de la Personne du Verbe représentait au Père éternel la promesse que le Sauveur lui-même avait faite dans le monde à ses apôtres, de leur envoyer le Divin Esprit consolateur, et que le moment fixé par sa Sagesse infinie pour accorder cette faveur à la sainte Eglise, pour y affermir le règne de la foi que le Fils de Dieu avait fondé, et pour l’enrichir des Dons qu’il lui avait mérités, que ce moment, dis-je, approchait. Le même Sauveur représenta aussi à son Père les mérites qu’il avait acquis en la chair mortelle par sa très-Sainte Vie, par sa Passion et par sa mort, les mystères qu’il avait opérés pour le Salut du genre humain ; qu’il était le Médiateur, l’Avocat et l’Intercesseur entre le Père éternel et les hommes, et que sa très-sainte Mère se trouvait parmi eux, elle en qui les Divines Personnes prenaient leurs complaisances. Il demanda encore que le Saint-Esprit vint au monde sous une forme visible sans préjudice de la Grâce et des Dons invisibles qu’Il y devait répandre, parce que cette manifestation était convenable pour l’honneur de la loi évangélique devant le monde, pour fortifier et encourager davantage les apôtres et les fidèles qui devaient prêcher la Parole Divine, et pour inspirer de la terreur aux ennemis du Seigneur, qui l’avaient persécuté pendant sa vie et méprisé jusqu’à la mort de la croix.

 

La bienheureuse Vierge, quoique étant sur la terre, joignit ses prières à la demande que notre Rédempteur faisait dans le Ciel, comme il convenait à la compatissante Mère des fidèles. Prosternée avec une profonde humilité, les bras étendus en croix, elle sut bientôt que la demande du Sauveur du monde était accueillie dans le Consistoire de la Très-Sainte Trinité, et que, pour l’expédier et l’exécuter, les deux Personnes du Père et du Fils, comme Principe duquel procède le Saint-Esprit, ordonnaient la Mission active de la Troisième Personne, car il appartient aux deux Premières Personnes d’envoyer Celle qui procède ; et que la Troisième Personne, le Saint-Esprit, acceptait la Mission passive et consentait à venir sur la terre. Car, quoique toutes ces Personnes Divines et leurs Opérations soient d’une même Volonté infinie et éternelle, sans aucune divergence, il n’en est pas moins vrai que les mêmes Puissances, qui sont indivisibles et égales chez toutes les Trois Personnes, ont, ad intra, des opérations en une Personne qu’elles n’ont pas en une Autre. Ainsi l’Entendement engendre dans le Père, et non point dans le Fils, parce qu’Il est engendré ; et la Volonté respire dans le Père et dans le Fils, et non point dans le Saint-Esprit, qui est respiré. C’est pour cette raison qu’il est attribué au Père et au Fils, comme Principe actif, d’envoyer le Saint-Esprit ad extra, c’est-à-dire au dehors, et qu’il est attribué au Saint-Esprit d’être envoyé comme passivement.

 

Les demandes dont je viens de parler ayant précédé le jour de la Pentecôte au matin, la très prudente Reine avertit les apôtres, les autres disciples et les saintes femmes, au nombre de cent vingt personnes, de prier et d’espérer avec une plus grande ferveur, parce que bientôt ils seraient visités du Saint-Esprit. Ainsi réunis, ils priaient avec notre auguste Maitresse, lorsque, à l’heure de Tierce, on entendit venir du Ciel un grand bruit, pareil à un tonnerre éclatant et à un vent impétueux, accompagné de brillants éclairs. Le céleste météore éclata sur la maison du Cénacle, qu’il remplit de lumière, et le Feu Divin se répandit sur toute cette sainte assemblée. A l’instant, sur la tête de chacun des cent vint fidèles, se balancèrent des langues de ce même Feu dans lequel le Saint-Esprit venait, et ils furent tous remplis de Divines Influences et de Dons ineffables ; mais cette merveilleuse venue produisit des effets bien différents et dans le Cénacle et dans toute la ville de Jérusalem, selon les diverses dispositions des sujets.

 

Ces effets furent Divins en la bienheureuse Marie, et les courtisans célestes en admirèrent la sublimité. Quant à nous, nous ne saurions les comprendre ni les expliquer. La glorieuse Souveraine en fut toute transformée et ravie jusque dans le Sein du Très-Haut. Elle vit le Saint-Esprit par une claire intuition, et jouit pour quelque temps, comme en passant, de la Vision béatifique de la Divinité, participant elle seule à ses Dons et à ses prodigieux effets plus que tous les autres saints. Sa gloire, en ce moment-là, surpassa celle des anges et des bienheureux. Elle seule rendit plus d’actions de grâces et de louanges au Très-Haut que tous ces saints ensemble, pour reconnaître le bienfait qu’Il accordait à la sainte Eglise en lui envoyant son Divin Esprit, et en s’engageant à Le lui envoyer plusieurs fois et à la gouverner par son Assistance jusqu’à la fin des siècles. La Très-Sainte Trinité se complut tellement à ce que la seule Marie fit dans cette circonstance, qu’Elle se reconnut comme satisfaite et comme payée de retour, à raison de cette faveur qu’Elle venait de faire au monde. Bien plus, Elle fit comme si Elle avait été obligée de l’accorder, à cause de cette créature unique qui habitait la terre, que le Père regardait comme sa Fille, le Fils comme sa Mère, et le Saint-Esprit comme son Epouse, qu’Il devait, selon notre manière de concevoir, visiter et enrichir, après l’avoir choisie pour une si haute dignité. Tous les Dons et toutes les Grâces du Saint-Esprit furent renouvelés en cette digne et heureuse Epouse par de nouveaux effets et par de nouvelles opérations qui surpassent tout ce que nous pouvons imaginer.

 

Les apôtres ainsi que le dit saint Luc, furent aussi remplis du Saint-Esprit ; car ils reçurent de merveilleux accroissements de la Grâce justifiante à un degré fort élevé, et eux douze furent seuls confirmés en cette Grâce pour ne la point perdre. Ils reçurent aussi, chacun de son côté, et au degré le plus convenable, l’Infusion habituelle des sept dons : la sagesse, l’intelligence, la science, la piété, le conseil, la force et la crainte de Dieu. Par ce bienfait, aussi grand et aussi merveilleux que nouveau dans le monde, les douze apôtres furent élevés, régénérés et rendus capables d’être les ministres de la nouvelle Alliance, et les fondateurs de l’Eglise évangélique dans l’univers entier. Car cette nouvelle grâce et ces nouveaux dons leur communiquèrent une Vertu Divine, qui les portait avec une douce force à pratiquer ce qu’il y a de plus héroïque dans toutes les vertus et de plus sublime dans la sainteté. Par cette force ils faisaient avec promptitude et facilité les choses les plus difficiles, et cela sans tristesse et sans contrainte, mais avec joie et allégresse.

 

Le Très-Haut opéra proportionnellement les mêmes effets dans tous les autres disciples et fidèles, qui reçurent le Saint-Esprit dans le Cénacle, sans toutefois être confirmés dans la Grâce comme les apôtres ; mais ils reçurent la Grâce et les Dons avec plus ou moins d’abondance selon leurs dispositions, et le ministère qu’ils devaient exercer dans la sainte Eglise. La même proportion fut gardée à l’égard des apôtres, entres lesquels saint Pierre et saint Jean furent singulièrement favorisés parce que leurs offices étaient les plus élevés ; en effet, l’un devait gouverner l’Eglise comme chef, et l’autre assister et servir la Reine du Ciel et de la terre, l’auguste Marie. Le texte sacré de saint Luc porte que le Saint-Esprit remplit toute la maison où se trouvait cette heureuse assemblée, non seulement parce que tous y furent remplis du Divin Esprit et de ses Dons ineffables, mais parce que la maison même fut pleine d’une lumière et d’une splendeur extraordinaires. Cette plénitude de merveilles rejaillit sur d’autres personnes qui étaient hors du Cénacle, car le Saint-Esprit produisit aussi divers effets dans les habitants de Jérusalem. Tous ceux qui par un bon sentiment avaient compati à la Passion et à la mort de Jésus-Christ notre Sauveur et Rédempteur, en s’affligeant de ses affreux tourments, en révérant sa Personne sacrée, furent visités intérieurement d’une nouvelle lumière et d’une Grâce singulière qui les disposa à embrasser ensuite la doctrine des apôtres. Saint Pierre, dans son premier sermon, convertit un grand nombre de ces hommes à qui la compassion qu’ils eurent de la mort du Seigneur servit à procurer un si grand bonheur. D’autres justes qui se trouvaient à Jérusalem hors du Cénacle sentirent aussi une grande consolation intérieure qui ranima leurs bonnes dispositions, de sorte que la Saint-Esprit produisit en chacun d’eux de nouveaux effets de grâce.

 

Les autres effets que le Divin Esprit opéra ce jour-là dans Jérusalem, et qui furent très différents de ceux dont je viens de parler, ne sont pas moins admirables quoique plus cachés. Or il arriva que le grand bruit, le vent impétueux, les éclairs et les coups de tonnerre qui furent comme les avant-coureurs de la venue du Saint-Esprit, troublèrent et épouvantèrent tous les habitants de la ville ennemis du Seigneur, selon le degré de leur malice et de leur perfidie. Ce châtiment frappa surtout ceux qui avaient concouru à la mort de notre Sauveur, et qui s’étaient signalés par leur cruauté et par leur rage. Tous ceux-là tombèrent à terre et y demeurèrent l’espace de trois heures, se donnant de la tête contre les pierres. Ceux qui avaient flagellé le Sauveur moururent aussitôt suffoqués par leur propre sang, à la suite des hémorragies déterminées par la chute qu’ils firent, et dont la violence alla jusqu’à les étouffer pour venger l’effusion du Sang Divin qu’ils avaient répandu avec tant d’impiété. Le téméraire qui avait donné un soufflet sacrilège à l’adorable Rédempteur non seulement mourut sur-le-champ, mais il fut précipité en corps et en âme dans l’enfer. Plusieurs autres Juifs, tout en échappant à la mort, furent également châtiés par des douleurs internes, et par certaines maladies honteuses qui se sont transmises, à cause du sang de Jésus-Christ dont ils se chargèrent jusqu’à leurs descendants, et qui infestent encore aujourd’hui leurs familles au point de les rendre objets de dégoût et d’horreur. Ce châtiment fut public dans Jérusalem en dépit des efforts que les pontifes et les pharisiens firent pour le dissimuler, comme ils avaient fait lors de la Résurrection du Sauveur. Mais comme ce n‘était pas un fait très important, les apôtres et les évangélistes n’en ont fait aucune mention dans leurs écrits, et, au milieu des troubles de la ville, la multitude l’oublia bientôt.

 

Le châtiment s’étendit jusque dans l’enfer, où les démons le sentirent avec un redoublement de confusion et de désespoir pendant trois jours, comme les Juifs restèrent renversés par terre pendant trois heures. Durant ce temps-là, Lucifer et ses démons poussaient des hurlements effroyables qui remplissaient tous les damnés de terreur, aggravaient leurs peines et les jetaient dans un abattement extraordinaire. O Esprit ineffable et puissant ! La sainte Eglise vous appelle le Doigt de Dieu, parce que vous procédez du Père et du Fils, comme le doigt procède du bras et du corps ; mais il m’a été découvert dans cette occasion que Vous avez le même Pouvoir infini avec le Père et le Fils. Dans un même moment le Ciel et la terre s’émurent en votre Divine Présence avec des effets fort différents à l’égard de tous les mortels, mais très semblables à ceux qui arriveront le jour du Jugement universel. Vous remplîtes les saints et les justes de votre Grâce, de vos Dons et d’une consolation inexprimable ; Vous châtiâtes les impies et les superbes, et les remplîtes de confusion et de peines. Je vois ici véritablement s’accomplir ce que Vous avez dit par l’organe de David, que Vous êtes le Dieu des vengeances, et que Vous agissez avec une entière liberté, rendant, quand Vous le voulez, aux méchants ce qui leur est dû, afin qu’ils ne se glorifient point avec insolence dans leur injuste malice, et qu’ils ne disent point dans leur coeur que Vous ne les verrez point, que Vous ignorerez leurs iniquités, et qu’ils n’en recevront aucune punition.

 

Que les insensés de la terre sachent donc que le Très-Haut discerne les vaines pensées des hommes, et que s’Il est libéral et doux envers les justes, Il est rigoureux et inexorable envers les impies et les méchants quand il faut les punir. Il appartenait au Saint-Esprit de montrer l’un et l’autre dans cette circonstance, parce qu’Il procédait du Verbe qui s’incarna pour les hommes, qui mourut afin de les racheter, et souffrit tant d’opprobres et de mauvais traitements sans ouvrir la bouche et sans vouloir s’en venger. Il fallait donc que le Saint-Esprit, descendant sur la terre, réparât l’honneur du Verbe incarné, et que s’Il ne châtiait pas tous ses ennemis, il marquât au moins dans la punition des plus impies celle que méritaient tous ceux qui l’avaient traité avec cruauté et perfidie, si malgré l’exemple qu’ils voyaient, ils ne se soumettaient point à la Vérité avec un sincère repentir. Il était juste aussi de récompenser le peu de personnes qui avaient reconnu le Verbe incarné pour le Rédempteur, et de disposer ceux qui devaient prêcher sa foi et sa doctrine par des faveurs proportionnées à leur ministère, qui était d’établir l’Eglise et la loi évangélique. Quant à la bienheureuse Maire, la visite du Divin Esprit lui était en quelque sorte due. L’apôtre dit que l’homme quittant son père et sa mère pour demeurer avec son épouse, comme l’avait déjà dit Moise, participe à un grand sacrement, figure de l’union qui existe entre Jésus-Christ et l’Eglise, pour s’unir à laquelle en l’humanité qu’il revêtit, il est descendu du Sein de son Père. Or si Jésus-Christ est descendu du Ciel pour demeurer avec son Epouse l’Eglise, il semblait que le Saint-Esprit dût aussi descendre pour la très-pure Marie ; car elle n’était pas moins son Epouse que l’Eglise ne l’était de Jésus-Christ, et Il ne l’aimait par moins que le Verbe incarné n’aimait l’Eglise.

 

La Vierge Marie dit :

 

« Ma fille, les enfants de l’Eglise sont peu reconnaissants du bienfait que leur accorda le Très-Haut lorsqu’Il envoya le Saint-Esprit à cette même Eglise, après avoir envoyé son Fils comme Maitre et Rédempteur des hommes. L’Amour dont Il les a aimés et par lequel Il a voulu les attirer à Lui a été si grand, que, pour les rendre participants de ses Divines Perfections, Il a envoyé d’abord le Fils, qui est la Sagesse, et, ensuite le Saint-Esprit, qui est son Amour même, afin qu’ils fussent enrichis de ses Attributs dans la proportion suivant laquelle ils étaient tous capables de les recevoir. Quand le Divin Esprit descendit la première fois sur les apôtres et sur les autres fidèles qui étaient avec eux, Il a voulu, en venant ainsi, donner des gages de sa Munificence, et témoigner qu’Il ferait cette même faveur aux autres enfants de l’Eglise, de la lumière de l’Evangile, et qu’Il communiquerait ses Dons à tous, si tous se disposaient à les recevoir. En confirmation de cette vérité, le même Divin Esprit descendait sur un grand nombre de croyants sous une forme ou par des effets visibles, parce qu’ils étaient véritablement des serviteurs fidèles, humbles, sincères, d’un cœur pur et préparés à sa visite. Il vient encore maintenant dans beaucoup d’âmes justes, quoique ce ne soit point avec des marques aussi éclatantes qu’alors ; car cela n’est ni nécessaire ni convenable. Les effets et les dons intérieurs sont tous du même genre, selon la disposition et la capacité de ceux qui les reçoivent.

 

Heureuse est l’âme qui aspire avec ardeur à obtenir ce bienfait et à participer à ce Feu divin, qui l’enflamme et l’éclaire, qui consume en elle tout ce qui est terrestre et charnel, qui la purifie et l’élève enfin à un nouvel être par l’union et la participation de Dieu Lui-même. Cet incomparable bonheur, je vous le souhaite, ma fille, comme une véritable et tendre Mère ; et afin que vous l’obteniez dans toute sa plénitude, je vous avertis de nouveau de préparer votre cœur et de travailler à y conserver, en tout ce qui vous surviendra, une tranquillité et une paix inaltérables. La Divine Bonté veut vous transporter dans une demeure haut placée et sûre, où les agitations de votre esprit cesseront, et où les traits du monde et de l’enfer ne sauraient arriver. C’est là que le Très-Haut reposera dans votre tranquille habitation, et trouvera en vous un temple digne de sa Gloire. Le dragon ne manquera par d’employer toute sa malice pour vous tenter. Soyez sur vos gardes, afin que ses attaques n’excitent aucun trouble, aucune inquiétude dans l’intérieur de votre âme. Conservez votre trésor dans votre secret, et jouissez des délices du Seigneur, des doux effets de son chaste Amour et des influences de sa Science ; car c’est pour cela qu’Il vous a choisie et distinguée entre plusieurs générations, et qu’Il a étendu sur vous sa Main libérale.

 

Considérez donc votre vocation, et soyez assurée que le Très-Haut vous offre de nouveau la participation et la communication de son Divin Esprit et de ses Dons. Mais sachez que, quand Il les accorde, Il n’ôte point la liberté de volonté, car Il la laisse toujours maitresse de choisir à son gré entre le bien et le mal. Ainsi il faut que, vous confiant en la faveur Divine, vous preniez une résolution efficace de m’imiter en toutes les œuvres de ma vie que vous connaissez, et de ne point empêcher les effets et la vertu des Dons du Saint-Esprit. Pour vous mieux pénétrer de cette doctrine, je vous expliquerai la pratique des sept Dons.

 

Le premier, qui est la Sagesse, donne la connaissance et le goût des choses Divines, pour exciter l’intime amour que vous devez y apporter, et pour vous faire souhaiter et rechercher en toutes choses le bon, le meilleur, le plus parfait et le plus agréable au Seigneur. Vous devez concourir à ce saint mouvement en vous abandonnant sans réserve au bon plaisir de la Divine Volonté, et en repoussant tout ce qui peut retarder vos progrès, quelques charmes que vous y trouviez.

Le Don d’intelligence, qui est le second, vous aidera à cela en vous donnant une lumière spéciale pour vous faire connaître à fond l’objet qui se présentera à votre esprit. Vous devez coopérer à cette intelligence en détournant votre attention et vos réflexions des choses étrangères dont la connaissance est inutile, et que le démon vous offre par lui-même, et par le moyen des autres créatures, pour distraire votre entendement et l’empêcher de bien pénétrer la vérité des Choses Divines. L’application à ces vains objets l’embarrasse beaucoup ; car sachez-le bien, l’intelligence des choses mondaines et l’intelligence des Choses Divines sont incompatibles ; la capacité humaine est bornée, et lorsqu’elle s’applique à plusieurs choses, elle les comprend moins que si elle s’attachait à une seule. On expérimente ici encore la vérité et l’Evangile, que personne ne peut servir deux maitres.

Or, quand l’âme donne toute son attention à l’intelligence du bien et le pénètre, la force, qui est le troisième Don, lui est nécessaire pour pratiquer avec résolution tout ce que l’entendement a connu de plus saint, de plus parfait et de plus agréable au Seigneur. C’est la force qui fait vaincre toutes les difficultés et surmonter tous les obstacles qui peuvent se présenter, et détermine la créature à s’exposer à souffrir toutes sortes de peines, pour ne pas se priver du véritable et Souverain Bien qu’elle connaît.

 

Mais comme il arrive souvent que, par suite de son ignorance naturelle, de ses doutes, de ses tentations, la créature ne saisit par les conclusions qu’elle doit tirer de la vérité Divine qu’elle connaît, et que cela l’empêche de choisir et de pratiquer ce qui est le meilleur, au milieu des expédients que lui offre la prudence de la chair, le Don de Science, qui est le quatrième, sert à la tirer de cet embarras, lui donnant des lumières pour inférer une chose bonne d’une autre, et lui apprenant à discerner dans sa conduite le parti le plus sûr, et à faire valoir ses raisons en cas de besoin.

Le Don de piété, qui est le cinquième, s’unit à celui-là, et incline l’âme avec une douce force à tout ce qui est véritablement du bon plaisir et du service de Dieu, à tout ce qui peut tourner au bien spirituel du prochain ; il fait aussi qu’elle l’exécute, non par une certaine passion naturelle, mais par un motif saint, parfait et vertueux.

Le Don de conseil, qui est le sixième, lui permet de se conduire en toutes choses avec une haute prudence, porte la raison à agir avec circonspection et sans témérité, à considérer les moyens, à peser les circonstances pour elle-même et pour les autres, afin de choisir avec une sage discrétion les voies les plus convenables pour atteindre des fins honnêtes et saintes.

 

Vient ensuite en dernier lieu le Don de crainte, qui regarde et scelle tous les autres. Il détermine le cœur à la vertu et à la perfection de l’âme ; ainsi il lui sert comme d’une forte muraille qui la défend. Il faut pourtant bien connaître l’objet et la mesure de cette sainte crainte, pour qu’elle ne devienne pas excessive, et pour ne pas craindre où il n’y a aucun sujet de crainte, comme cela vous est arrivé si souvent par la malice artificieuse du serpent, qui, au lieu de la sainte crainte, a tâché de vous inspirer une crainte désordonnée, même des bienfaits du Seigneur. Mais cette instruction vous montrera comment vous devez user des Dons du Très-Haut, et vous conduire par leur moyen. Je vous avertis néanmoins que la science de la sainte crainte est l’effet propre des faveurs que Dieu communique à l’âme ; et Il le produit en elle avec douceur, avec paix et avec tranquillité, afin qu’elle sache estimer et apprécier ses Dons, car tout ce qui vient de la Main du Très-Haut est grand et précieux ; et afin qu’une crainte servile ne l’empêche point de bien reconnaître les faveurs de sa Main puissante, mais qu’une sainte crainte, au contraire, l’excite à répondre aux grâces et à toute la gratitude dont elle est capable, et à s’humilier profondément. Or, connaissant toutes ces vérités comme vous les connaissez, et sortant de la lâcheté que produit une crainte servile, vous n’aurez plus que la crainte filiale, qui sera la boussole avec laquelle vous marcherez en toute sécurité dans cette vallée de larmes. »

 

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P
<br /> bonjour Vincent ! pour attirer du monde sur votre Blog, j'ai mis votre site dans les liens de mon blog depuis un certain temps. Vous aurez peut-être aussi remarqué que j'ai mis votre commentaire<br /> sur l'Avertissement comme nouvel article tant je l'ai trouvé magnifiquement bien formulé. Les lecteurs qui cliqueront sur votre nom, tomberont directement sur votre blog. Vous avez l'art<br /> d'expliquer les choses, d'amener le lecteur à méditer. Mais avez-vous fait connaitre votre Blog sur Google, Yahoo, etc. il faut que vous le fassiez enregistrer sur les moteurs de recherche. Je vais<br /> vous expliquer comment faire et là, je vous garantis la venue de lecteurs ! oui, il faut que plus de gens viennent lire vos articles tant c'est beau et vivifiant pour l'âme. Merci Vincent de nous<br /> partager tous ces trésors, pour votre travail et le temps que vous devez passer à écrire vos articles. Pour l'heure, je m'absente tout l'après-midi mais ce soir, je vous recherche toutes les<br /> procédures du net pour attirer du monde. Inutile de faire paraître ce post comme commentaire car il tient plus lieu de communication entre nous. Vous pouvez aussi me contacter directement. A ce<br /> soir ! Pélerin<br /> <br /> <br />
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P
<br /> Magnifique texte sur la Pentecôte. Ainsi Marie d'Agréda raconte ce châtiment divin sur les impies et les dons du Seigneur sur ceux qui Le cherchent et L'aiment. Ainsi, l'Esprit Saint descendu sur<br /> les apôtres et les disciples de Notre Seigneur au début de l'Eglise, reviendra La renouveler lors d'une nouvelle Pentecôte à la Fin des Temps alors qu'un nouveau Châtiment aura frappé ceux qui<br /> combattent le règne de Notre Seigneur. Puisse l'Esprit Saint nous éclairer, nous fortifier et nous sanctifier en ces temps si difficiles ! car il semble bien que nous y arrivons... Quelle joie de<br /> se ressourcer sur ce blog. Cela fait grand bien. merci Vincent.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Oui, ces écrits sont véritablement extraordinaires, comme il se doit pour un ouvrage né dans le Sein du<br /> Très-Haut, et confié à la Vierge Marie pour être dicté à Marie d’Agréda. Malgré le fait que 3 à 5 personnes consultent de façon régulière ce blog, je vais continuer dans la mesure de mes moyens<br /> cette tâche si agréable ; ces textes ne seraient bénéfiques qu’à une seule personne qu’il m’incomberait de poursuivre.<br /> <br /> <br /> Certes, nous voici aux portes de la Fin des Temps, et tous les Signes démontrent que nous sommes entrés dans les<br /> Tribulations finales pendant que l’esprit démoniaque se déchaine sur le monde. Le peu d’intérêt de la grande majorité pour les vérités et les choses de Dieu sont un Signe fort.<br /> <br /> <br /> Et effectivement, le retour de notre Sauveur ne se fera pas sans Justice. Dans cette attente pleine d’espérance<br /> et de foi, suivons les conseils de la Vierge Marie, et ne faisons pas comme les vierges folles… d’autant que l’Avertissement semble proche, lui qui, au cœur du chaos, tombera sur ce monde devenu<br /> fou.  <br /> <br /> <br /> Merci Pèlerin pour vos encouragements avisés qui me portent à continuer.<br /> <br /> <br /> Y aurait-il un moyen d’inviter vos lecteurs à consulter les pages de ce blog afin qu’ils en tirent eux aussi un<br /> bénéfice pour leur âme ?<br /> <br /> <br /> <br />