Conception de la Vierge Marie dans le Sein du Très-Haut

Publié le par lepontdusalut

CONCEPTION DE LA VIERGE MARIE DANS LE SEIN DU TRES-HAUT

 

 

Marie d’Agréda dit :

 

Nous avons déjà vu comment, à l’égard de Dieu, rien n’est ni passé ni futur, parce que tout est présent à son Entendement Divin et infini, connaissant toutes choses par un acte très simple. Mais quand nous les ramenons à notre manière de les concevoir et de les exprimer, nous supposons que la Majesté Divine réfléchit au Décret qu’elle avait fait de créer avec la dignité voulue la Mère dans le sein de laquelle le Verbe devait prendre la chair humaine ; car l’accomplissement de ses Décrets est infaillible. Or, le temps propice et déterminé étant arrivé, les trois Divines Personnes se dirent en Elles-mêmes :

 

 « Il est temps que Nous commencions le chef-d’œuvre de notre bon plaisir, et que Nous créions cette pure créature et cette âme heureuse qui doit Nous être plus chère que toutes les autres. Ornons-la de riches Dons, et déposons en elle les plus grands Trésors de notre Grâce. Puisque toutes les autres auxquelles Nous avons donné l’être ont été ingrates et rebelles à notre Volonté, qui était qu’elles se conservassent dans le premier et heureux état où Nous avons placé les premiers hommes, qu’ils s’y sont opposés par leur péché, et qu’il ne faut pas que notre Volonté soit entièrement frustrée, créons en toute sainteté et perfection cette créature, que n’atteindra pas la contagion du premier péché. Créons une âme selon nos Désirs, un fruit de nos Attributs, un prodige de notre Puissance infinie, que la tache du péché d’Adam ne souille en aucune manière. Faisons un ouvrage qui soit le résumé de notre Toute-Puissance et un modèle de perfection que Nous présenterons à nos enfants comme le but du Dessein que Nous avons eu dans la Création. Et puisqu’ils ont tous prévariqué en la volonté libre du premier homme et par le péché qu’il a commis, que cette seule créature soit le refuge où ceux qu’il a perdus par sa désobéissance puissent trouver le Salut ; qu’elle soit l’unique image et ressemblance de notre Divinité, et qu’elle reste pendant l’éternité le chef-d’œuvre de nos complaisances et de nos délices. C’est en elle que Nous déposerons toutes les prérogatives et toutes les grâces que Nous destinions, dans notre première et inconditionnelle Volonté, aux anges et aux hommes, s’ils s’étaient maintenus dans leur premier état. Mais puisqu’ils les ont perdues, renouvelons-les en cette créature, en y ajoutant de nouveaux dons. Ainsi le Décret que Nous avons fait ne sera pas entièrement frustré de ses fins, et sera, au contraire, accompli en toute sa perfection en la personne de notre élue et unique. Car, puisque les créatures se sont rendues indignes des faveurs que Nous leur avions préparées, en leur destinant ce qui était le plus saint, le plus parfait, le plus avantageux et le plus estimable, il Nous faut faire couler le torrent de nos Grâces vers notre bien-aimée, et l’exempter de la loi commune de la génération de tous les mortels, afin que la semence venimeuse du serpent ne l’infecte nullement. Je veux descendre du Ciel dans son sein, et emprunter à sa propre substance la nature humaine dont Je me revêtirai.

 

Il est juste que la Divinité, dont la Bonté est inépuisable, choisisse comme réceptacle et comme enveloppe une matière très pure et très nette, qui n’ait jamais été souillée par le péché. Notre Equité et notre Providence demandent ce qui est le plus convenable, le plus parfait et le plus saint, et cela se fera, puisqu’il n’est rien qui puisse résister à notre Volonté. Le Verbe qui doit se faire homme, étant le Rédempteur et le Maitre des hommes, doit fonder et établir la très parfaite Loi de Grâce, et y enseigner l’obéissance et le respect aux parents, qui sont les causes secondes de l’être naturel. Le Verbe Divin doit donc le premier accomplir la Loi, en honorant et anoblissant celle qu’il a choisie pour sa Mère par la protection de son Bras Tout-Puissant, en la prévenant par ce qu’il y a de plus merveilleux, de plus saint et de plus excellent dans tous les trésors de ses grâces et de ses dons. Or, le privilège le plus singulier et le plus glorieux sera pour elle de ne pas être assujettie à nos ennemis ni à leur malice : ainsi elle doit être exempte de la mort du péché.

 

Le Verbe aura sur la terre une Mère sans père, comme il a au Ciel un Père sans mère. Et, afin qu’il y ait une juste corrélation entre le nom de Père qu’on donnera à Dieu et le nom de Mère qu’on donnera à cette femme, Nous voulons que toute la correspondance et l’égalité possible existent entre Dieu et la créature, afin qu’en aucun temps le dragon infernal ne puisse se glorifier d’avoir dominé la femme à qui Dieu a obéi comme à sa véritable Mère. Cette prérogative de l’exemption du péché est due et proportionnée à celle qui doit être la Mère du Verbe ; elle lui sera d’autant plus glorieuse et plus utile, car c’est un plus grand bien d’être sainte que d’être seulement Mère de la Sainteté. Toute la sainteté et toute la perfection doivent donc accompagner la dignité de Mère de Dieu. Il faut que la chair humaine dont il va se revêtir soit tout à fait à l’abri du péché ; et devant s’en servir pour racheter les pécheurs, il ne doit pas racheter sa propre chair, comme il rachètera les autres, puisque, étant unie à la Divinité, elle doit être rédemptrice. C’est pourquoi Nous la préservons par avance, comme Nous avons déjà prévu et accepté en cette même chair et en cette nature les Mérites infinis du Verbe. Et Nous voulons que pendant toute l’éternité le Verbe incarné soit glorifié dans son tabernacle et dans la radieuse habitation de l’humanité qu’il en a reçue.

 

Elle sera fille du premier homme, mais, en vertu d’une grâce spéciale, elle sera libre, et exempte de son péché ; et, quant à la nature, elle sera l’œuvre parfaite d’une Providence toute particulière. Mais, comme le Verbe incarné doit être le Maitre qui enseignera l’humilité et la sainteté, et qui ne les établira que par les travaux et les peines qu’il doit souffrir, pour confondre la vanité et les illusions des mortels, en se choisissant cette part comme le trésor que Nous estimons le plus, Nous voulons aussi que celle qui doit être sa Mère en ait sa bonne part, qu’elle montre la patience la plus rare et la plus singulière, et que, tout admirable dans les souffrances, elle Nous offre avec son Fils unique un sacrifice de douleur, que Nous agréerons pour notre plus grande Gloire. »

 

Tel fut le Décret que les trois Personnes Divines manifestèrent aux anges bienheureux, qui exaltèrent et adorèrent leurs très-hauts et impénétrables Jugements. Et comme la Divinité est un miroir volontaire qui réfléchit, quand Il lui plait, dans la même vision de gloire, de nouveaux mystères aux bienheureux, Elle leur fit cette nouvelle révélation de sa Grandeur, pour leur découvrir l’ordre admirable et la merveilleuse harmonie de ses Œuvres. Cette manifestation suivit ce que nous avons dit aux chapitres précédents, sur ce que Dieu fit après la création des anges, quand Il leur enjoignit d’honorer et de reconnaître le Verbe incarné et sa très-sainte Mère pour leurs supérieurs. Car, le temps qu’Il avait fixé pour la conception de cette grande Reine étant arrivé, il n’était pas convenable que le Seigneur, qui dispose toutes choses avec poids et mesure, le cachât. Je ne saurais que ternir et obscurcir, par des termes humains et des expressions si faibles, la connaissance que le Très-Haut m’a donnée de mystères si profonds et si relevés ; mais je ne laisserai pas de dire, autant que mon insuffisance me le permettra, ce que je pourrai, touchant les grands secrets que Dieu découvrit aux anges dans cette occasion. Le Seigneur ajouta :

 

« Le temps est enfin arrivé, auquel notre Providence avait déterminé de donner le jour à notre plus agréable et plus chère créature, à la réparatrice du premier péché du genre humain, à celle qui doit écraser la tête du dragon, qui a paru à nos yeux dans le Ciel sous la figure d’une femme, et qui donnera la chair humaine au Verbe éternel. Cette heure si fortunée pour les mortels est proche, où Nous allons leur distribuer les trésors de notre Divinité, et leur ouvrir ainsi les Portes du Ciel. Que la rigueur de notre Justice suspende les châtiments qu’elle a exercés jusqu’ici sur les hommes, et que notre Miséricorde se révèle pleinement, en comblant les créatures des dons de la grâce et de la gloire éternelle que leur méritera le Verbe incarné.

 

Que le genre humain trouve un réparateur, un maitre, un médiateur, un frère et un ami, qui soit la vie des morts, le salut des infirmes, la consolation des affligés, le repos et le compagnon des persécutés. Que les prophéties de nos serviteurs et les promesses que Nous leur avons faites, de leur envoyer un Sauveur pour les racheter, se réalisent. Mais, comme tout doit se faire selon notre bon plaisir, avant de commencer l’accomplissement de ce mystère caché dès l’origine du monde, choisissons, pour former notre bien-aimée Marie, le sein d’Anne, notre humble servante, où elle sera conçue, et où sa bienheureuse âme sera créée. Et, quoique sa formation et sa naissance doivent arriver dans les conditions communes de la génération naturelle, Nous les soumettrons néanmoins à un ordre particulier de grâce, selon les dispositions de notre Puissance infinie.

 

Vous savez déjà que l’ancien serpent, depuis qu’il a vu paraître le signe de cette femme merveilleuse, rôde autour de toutes pour les dévorer ; que, depuis la première que Nous avons créée, il poursuit et entoure de ses embûches toutes celles qu’il sait être les plus parfaites par leur vie et par leurs œuvres, espérant de rencontrer celle qui, suivant la menace qui lui a été faite, doit le fouler aux pieds et lui écraser la tête. Il est certain que quand il reconnaitra, par l’extrême attention qu’il y apportera, la sainteté singulière de cette très pure et très innocente créature, les efforts qu’il déploiera pour la persécuter seront en rapport avec l’estime qu’il en concevra. Toutefois l’orgueil de ce dragon sera bien plus grand que sa force ; ainsi il est de notre Volonté que vous veilliez sur notre sainte Cité, et que vous protégiez d’une manière toute particulière ce tabernacle du Verbe incarné. Il faut que, tant que cette femme habitera parmi les mortels, vous la gardiez, la secouriez et la défendiez contre nos ennemis, que vous l’éclairiez, la fortifiez et la consoliez avec un soin et un respect dignes de son mérite. »

 

Les anges bienheureux, prosternés devant le Trône de la très-Sainte Trinité, se montrèrent tous pénétrés de sentiments d’une profonde humilité, attentifs aux instructions et prêts à exécuter les Ordres du Très-Haut. Chacun d’eux désirait avec une sainte émulation d’être chargé d’une si belle mission, et offrait au Très-Haut des hymnes et des cantiques nouveaux de louanges, pour Le bénir de ce qu’arrivait l’heure à laquelle ils verraient l’accomplissement d’une chose qu’ils avaient demandée avec tant d’ardeur depuis des siècles. Je sus alors qu’à partir de cette grande bataille que Saint Michel livra dans le Ciel au dragon et à ses complices, qui furent ensuite précipités dans les ténèbres éternelles, tandis que les légions victorieuses de l’archange fidèle étaient confirmées en grâce et en gloire, ces esprits bienheureux commencèrent à demander l’accomplissement des mystères de l’Incarnation du Verbe, qui leur furent révélés, et continuèrent à réitérer leurs demandes jusqu’à ce que Dieu leur annonçât l’heure où leurs désirs allaient être exaucés.

 

Cette nouvelle révélation remplit les esprits célestes d’une joie extraordinaire et d’un surcroit de gloire accidentelle : « Souverain et incompréhensible Maitre de toutes choses, dirent-ils au Seigneur, Vous êtes digne de tout honneur, de tout louange et d’une Gloire éternelle, et nous sommes créés pour exécuter votre Divine Volonté. Employez-nous, Seigneur Tout-Puissant, à tout ce qui peut concourir à vos merveilleux ouvrages et à vos grands Mystères, de sorte qu’en tous et en tout, votre très-juste bon plaisir s’accomplisse ».

En exprimant ces souhaits, les princes célestes ne croyaient pas mériter l’honneur qu’ils sollicitaient, et ils auraient voulu devenir, autant que possible, plus purs et plus parfaits afin d’être plus dignes de garder et de servir cette Reine admirable.

 

Le Très-Haut détermina et désigna les anges qui devaient s’occuper à un ministère si relevé ; Il en choisit cent dans chaque chœur, pour faire le nombre de neuf cents, outre lesquels Il en chargea douze de servir leur Reine sous une forme corporelle et visible avec plus d’assiduité, en leur imprimant des signes ou des devises de la Rédemption. Ce sont là les douze, qui, selon l’Apocalypse, gardaient les portes de la Cité, et dont je parlerai dans les explications que je donnerai plus loin. Le Seigneur désigna dix-huit autres anges des hiérarchies les plus élevées, qui devaient monter et descendre la mystique échelle de Jacob dont il a déjà été fait mention, pour s’acquitter des messages de la Reine au Grand Roi, et du Seigneur à cette même Reine. Car elle les envoyait souvent au Père éternel pour apprendre à se guider dans toutes ses actions selon les mouvements du Saint-Esprit, n’en faisant aucune que par son Ordre et conformément à sa Divine Volonté. Quand elle n’était pas éclairée par une lumière spéciale, elle députait ses anges bienheureux au Seigneur pour lui exposer ses doutes et le désir qu’elle avait de faire ce qui agréerait davantage à sa très-Sainte Volonté, après avoir reçu ses Ordres, comme nous le dirons dans la suite de cette histoire.

 

Outre les anges que nous venons de mentionner, le Très-Haut choisit encore soixante-dix séraphins de l’ordre le plus élevé parmi les plus proches du Trône de la Divinité, et leur prescrivit de communiquer et de s’entretenir avec la Reine du Ciel, de la même manière qu’ils communiquent et conversent entre eux, et que les anges supérieurs éclairent les inférieurs. Cet avantage fut accordé à la Mère de Dieu, quoiqu’elle fût supérieure en dignité et en grâce à tous les séraphins, parce que, voyageuse, elle leur était inférieure par sa nature. Et quand le Seigneur paraissait parfois la quitter, en suspendant sa Présence sensible, ces soixante-dix séraphins l’illuminaient et la consolaient, et, de son côté, elle leur exprimait les affections de son ardent amour et les tendres soucis que l’absence de son Bien-aimé lui causait. Ce nombre de soixante-dix compagnons, dont elle fut favorisée, répond aux soixante-dix années de sa très-sainte vie, tandis que celui de soixante ne pourrait représenter que ces soixante guerriers qui gardaient le lit du roi Salomon, comme on le voit au troisième chapitre des Cantiques. On les choisissait parmi les héros les plus vaillants d’Israël et les plus expérimentés dans l’art de la guerre ; et ils portaient leurs épées à la ceinture, pour le préserver pendant la nuit des surprises ennemies.

 

Ces illustres et forts capitaines furent destinés à la garde de leur Reine, et choisis parmi les premiers des ordres hiérarchiques, parce que, lors de cette ancienne bataille qui se donna dans le Ciel entre les esprits humbles et le superbe dragon, ce fut eux qu’arma le Roi Souverain de l’univers, pour qu’ils combattissent et vainquissent Lucifer et tous les apostats qui le suivirent, avec le glaive de sa Puissance et de sa Parole Divine. Dans ce fameux combat, ces sublimes séraphins se distinguèrent par un grand zèle pour l’Honneur du Très-Haut, et se servirent, comme de braves et habiles capitaines en l’Amour Divin, des armes de la Grâce qui leur furent données par la vertu du Verbe incarné, dont ils soutenaient les droits, en combattant pour lui, leur Chef et Seigneur, aussi bien que pour sa très-sainte Mère. C’est pourquoi il est dit qu’ils gardaient le lit de Salomon, sans jamais s’en éloigner, et qu’ils avaient leurs épées à la ceinture, endroit qui désigne la génération humaine, et en même temps l’humanité de notre Seigneur Jésus-Christ, conçue dans le lit virginal de Marie, de sa propre substance et de son sang le plus pur.

 

Les autres dix séraphins, qui complètent le nombre de soixante-dix, furent aussi des plus éminents de ce premier ordre, qui témoignèrent le plus de zèle pour l’honneur de la Divinité et de l’humanité du Verbe et de sa bienheureuse Mère ; car, quoique ce combat des anges fidèles ait été fort court, les opérations en durèrent quelques instants. Les principaux chefs de la sainte milice qui se signalèrent le plus dans cette première épreuve furent récompensés par l’honneur particulier qu’ils eurent, d’être encre chefs parmi ceux qui devaient garder leur Reine et leur Maitresse. Ils font tous ensemble le nombre de mille anges, en comptant les séraphins avec les autres esprits des ordres inférieurs, de sorte que cette Cité de Dieu était suffisamment garnie pour se défendre contre les légions infernales.

 

Pour mieux ordonner cet invincible escadron, ce fut Saint Michel qui fut mis à sa tête ; et, bien que ce prince de la milice céleste ne restât pars toujours auprès de l’auguste Rein, souvent il l’accompagnait et lui manifestait sa présence. Le Très-Haut le lui attacha, afin qu’en qualité d’ambassadeur principal et extraordinaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ, il remplit diverses missions mystérieuses de la très-sainte Vierge. Le prince saint Gabriel fut aussi employé, par l’Ordre du Père éternel, pour plusieurs messages et mystères qui regardaient la Souveraine du Ciel. Voilà les dispositions que la Très-Sainte Trinité prit pour sa défense et pour sa garde ordinaire.

 

Tout ce dénombrement se régla par une Grâce spéciale du Seigneur ; car je sus qu’il y appliqua une justice distributive, suivant laquelle son équitable Providence eut égard aux dispositions avec lesquelles les anges bienheureux admirent les mystères relatifs à l’Incarnation du Verbe et à sa très-sainte Mère, qui leur furent révélés au commencement. La Grâce ne produisit pas en tous les mêmes effets, tous n’apportèrent pas le même empressement et la même ferveur dans leur obéissance à la Divine Volonté et dans leur adhésion aux mystères qui leur furent proposés. Ainsi les uns s’y soumirent par une dévotion spéciale, connaissant l’union de la nature Divine et de la nature humaine, en la personne du Verbe, cachée sous l’humble enveloppe d’un corps humain, et placée à la tête de toutes les créatures. D’autres admiraient avec transport que le Fils unique du Père céleste voulût bien se faire passible et pousser son Amour pour les hommes jusqu’à s’offrir à mourir pour eux. D’autres encore se signalèrent par le zèle avec lequel ils louèrent et bénirent le Très-Haut de ce qu’Il allait créer une femme d’une excellence si merveilleuse, qu’elle serait élevée au-dessus de tous les esprits célestes, et que le Créateur se revêtirait dans son sein de la chair humaine. C’est proportionnément aux mérites de ces dispositions différentes, que le Tout-Puissant voulut récompenser les anges fidèles d’une gloire accidentelle, et les chargea de concourir aux mystères de Jésus-Christ et de sa très-pure Mère, de la même manière que seront récompensés et ornés d’une auréole particulière ceux qui se signaleront dans la vie présente en quelque vertu, comme les docteurs, les vierges, etc.

 

Lorsque ces esprits bienheureux apparaissaient, chacun suivant ses fonctions, sous une forme corporelle, à la Mère de Dieu, comme je le dirai dans la suite, ils lui découvraient et lui représentaient par des devises et par des caractères lumineux les divers mystères, soit de l’Incarnation, soit de la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et plusieurs autres qui s’appliquaient à l’auguste Reine elle-même, à sa dignité et à ses prérogatives. Toutefois, elle ne les comprit par quand ils commencèrent de les lui manifester ; car le Très-Haut avait ordonné à tous ces anges de ne point lui annoncer qu’elle devait être Mère de son Fils unique, jusqu’à ce que le temps fixé par sa Divine Sagesse fût arrivé ; mais de l’entretenir néanmoins toujours des mystères de l’Incarnation et de la Rédemption des hommes, pour qu’elle persévérât dans ses ferventes demandes. Les langues humaines sont insuffisantes, et mes paroles sont trop faibles pour exprimer les sublimes et lumineuses notions que j’ai reçues à ce sujet.

 

 

 

 

 

 

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