Le Don de la conformité au Christ - Partie IX

Publié le par lepontdusalut

LE DON DE LA CONFORMITE AU CHRIST

Partie IX

 

 

Quel moyen doit prendre généralement toute créature raisonnable pour pouvoir sortir des flots du monde, et passer par le Pont.

 

« Je veux maintenant te ramener aux trois gradins par lesquels il vous faut passer, si vous désirez sortir du fleuve sans vous y noyer, et atteindre l’eau vive que vous êtes invités à boire, et si vous voulez pareillement que Je sois au milieu de vous ; car pendant votre voyage, Je suis au milieu de vous, c'est-à-dire que, par ma Grâce, Je fais en vos âmes ma demeure.

 

Tout d’abord, si vous voulez effectuer le passage, la première condition c’est d’avoir soif. Car ceux-là seuls qui ont soif sont invités : Qui a soif, est-il dit, qu’il vienne et qu’il boive.

Celui donc qui n’a pas soif ne saurait persévérer dans son voyage ; la moindre fatigue l’arrête, ou le moindre plaisir le distrait. Il ne se soucie point de porter jusqu’au terme le vase nécessaire, ni de se tenir en la compagnie qu’il lui faut. Il ne peut cependant voyager seul ; la persécution l’épouvante et dès qu’elle l’effleure, le voilà qui tourne le dos. Il a peur, parce qu’il est seul. S’il était accompagné, il aurait moins d’effroi. S’il avait gravi les trois gradins, il serait en sécurité, parce qu’alors, il ne serait plus seul. Il faut donc que vous ayez soif, et vous devez aussi vous unir ensemble, ou deux, ou trois, ou plus, a-t-il été dit.

 

Mais pourquoi deux ou trois ? Parce que deux ne sont pas sans trois, ni trois sans deux, ni trois ni deux sans davantage. Mais celui qui est seul, Je ne puis être au milieu de lui, car il n’a pas de compagnons, pour que Je puisse être au milieu. Et même s’il n’est plus rien, car celui qui est seul, c’est celui qui s’enferme dans l’amour égoïste de soi-même. Pourquoi est-il seul ? Parce qu’il est séparé de ma Grâce et de la charité du prochain. Séparé qu’il est de Moi, par sa faute, il tourne au néant, parce que seul Je suis Celui qui suis. Ainsi donc, celui qui est seul, c'est-à-dire enfermé dans l’amour de soi-même, ne compte pas pour ma Vérité ; il est rejeté de Moi. Voilà pourquoi il est dit :

« Quand ils seront deux, ou trois, ou davantage assemblés en mon Nom, Je serai au milieu d’eux»

 

Je t’ai dit que deux n’étaient pas sans trois, ni trois sans deux, et c’est bien vrai. Tu sais que les Commandements de la Loi se ramènent à deux seulement, et que sans l’observation de ces deux Commandements, aucun autre ne peut être observé. Il faut M’aimer par dessua toute chose, et le prochain comme soi-même : voilà le commencement, le milieu et la fin des préceptes de la Loi.

 

Ces deux Commandements ne peuvent être réunis en mon Nom, sans la réunion des trois puissances de l’âme : mémoire, intelligence, volonté.

La mémoire doit conserver mes Bienfaits et le souvenir de ma Bonté en elle-même.

L’intelligence doit fixer son regard sur l’Amour ineffable que Je vous ai montré, dans mon Fils unique. C’est Lui que J’ai proposé comme Objet à l’œil de votre intelligence pour qu’il contemple en Lui le foyer de ma Charité.

La volonté doit se réunir à la mémoire et à l’intelligence pour M’aimer et Me désirer, Moi qui suis sa fin.

Lorsque ces trois vertus et puissances de l’âme sont assemblées, Je suis au milieu d’elles. Et parce qu’alors l’homme est rempli de ma Charité et de l’amour du prochain, il se trouve par là-même accompagné de nombreuses et réelles vertus.

 

C’est dans cet état que l’âme est disposée à avoir soif ; elle a soif de la Vertu, soif de mon Honneur, soif du Salut des âmes. Toute autre soif est éteinte, et morte en elle. Elle marche en sécurité, sans aucune crainte servile, après avoir franchi le premier degré de l’affection, parce que son affection, dépouillée de l’amour-propre, s’est élevée au-dessus d’elle-même et les choses périssables, ne les aimant et ne les conservant, si elle les conserve, que pour Moi et non en dehors de Moi, c'est-à-dire avec une crainte véritablement sainte, avec l’amour de la Vertu.

 

Elle se dispose ainsi à franchir le second degré, où, par la lumière de l’intelligence, elle contemple l’Amour profond que je vous ai manifesté dans le Christ crucifié.

C’est là qu’elle trouve la Paix et le Repos, parce que désormais la mémoire n’est plus vide, elle est toute remplie de ma Charité. Tu sais qu’un vase vide résonne quand on le frappe, et qu’il n’en est pas de même quand il est plein. Quand donc la mémoire est remplie de la lumière de l’intelligence et de l’affection toute d’amour, elle peut être touchée ou heurtée par la tribulation ou par les plaisirs du monde, et elle ne rend plus le son d’une joie ou d’une colère désordonnées ; car elle est pleine de Moi qui suis tout Bine.

 

C’est ainsi qu’elle franchit le troisième degré, et l’union est faite. La raison en possession de ces trois degrés, des trois puissances de l’âme, comme Je t’ai dit, les a assemblées en mon Nom. Après avoir réuni les deux, c'est-à-dire l’amour de Dieu et l’amour du prochain, puis les trois, la mémoire pour retenir, l’intelligence pour voir, la volonté pour aimer (le saint Désir de Dieu qui actionne l’intelligence – Vincent), l’âme se trouve tout à la fois en compagnie de Moi qui suis sa force et sa sécurité, et en compagnie des vertus. Alors elle se sent tranquille et sûre, parce que Je suis au milieu de cette assemblée.

 

Alors elle se met en marche, pressée par le Désir, assurée de suivre le chemin de la Vérité, qui mène à la Fontaine d’eau vive. La soif qu’elle a de mon Honneur, de son Salut et du Salut du prochain lui fait désirer cette Voie, sans laquelle elle n’y pouvait atteindre. Elle va alors, portant le vase de son cœur*, vide de toute affection et de tout amour déréglé du monde. Mais, aussitôt vide, il se remplit ; car rien ne peut demeurer vide. Le vide-t-on de son contenu matériel, du même coup, il se remplit d’air.

 

Le cœur est un petit vase, qui lui aussi ne peut rester vide. A peine l’a-t-on vidé des choses qui passent qu’il est déjà plein d’air, c'est-à-dire du Céleste et doux Amour Divin qui donne accès aux Eaux de la Grâce.

Arrivée là, l’âme passe par la porte du Christ crucifié, et goûte à l’Eau vive, en se désaltérant en Moi, qui suis l’Océan de Paix. »

 

 

Commentaire : « vase », nommé ailleurs « gradal » ou « grasual », symbole du Réceptacle dont la très sainte Vierge Marie est l’hypostase ; et ici, le lien avec la notion de Saint Graal est évident, et il s’agit donc bien d’une quête intérieure, de chacun en son âme.

 

 

Récapitulation de quelques éléments déjà évoqués.

 

« Jusqu’ici, Je t’ai exposé comment, en général, toute créature humaine doit procéder pour sortir du fleuve du monde, en évitant de s’y noyer et d’encourir l’éternelle damnation. Je t’ai expliqué les trois degrés, qui sont les trois puissances de l’âme, et comment personne n’en peut gravir l’un sans les atteindre tous.

 

Je t’ai interprété cette Parole de ma Vérité : « Quand ils seront deux ou trois ou plusieurs assemblés en mon Nom… ». Et Je t’ai fait voir que cette assemblée est la réunion de ces trois degrés ou de ces trois puissances de l’âme, mises en accord avec les deux commandements principaux de la Loi, concernant la charité envers Moi et envers le prochain, et consistant à M’aimer par-dessus tout chose et le prochain comme soi-même.

 

Ces degrés franchis, ces puissances assemblées en mon nom, l’âme, soudain, a soif de l’Eau vive. Elle se met alors en mouvement et traverse le Pont, en suivant la Doctrine de ma Vérité qui est elle-même ce Pont. Elle accourt à sa Voix, la même Voix qui vous invitait, dans le temple, et qui toujours vous appelle, toujours vous crie : « Qui a soif vienne à Moi et qu’il boive ; Je suis la Fontaine d’Eau vive. »

 

Je t’ai expliqué ce que signifie cette Parole et comment il faut l’entendre, pour te faire mieux connaître l’abondance de ma charité et la confusion de ceux qui courent à plaisir dans le sentier du démon qui les appelle à l’eau de mort.

 

Tu m’interrogeais sur les moyens à prendre pour ne pas se noyer, Je t’ai répondu et tu as pu le voir et l’entendre. Je t’ai dit qu’il fallait monter sur le Pont en tenant toutes ses puissances rassemblées et unies dans l’amour du prochain, en m’apportant à Moi son cœur et son affection, comme un vase dans lequel Je donne à boire à qui Me demande. Cette Voie du Christ crucifié, il la faut suivre avec persévérance jusqu’à la mort. Cette condition de Salut s’impose à tous et à chacun, dans quelque état qu’il se trouve. Aucun état ne peut servir d’excuse pour s’en dispenser ; toute créature raisonnable peut et doit s’y soumettre. Nul n’est admis à dire pour s’y soustraire : « Je me trouve en telle situation, j’ai des enfants, j’ai mille embarras dans le monde, il m’est impossible de prendre ce chemin.

 

Ils ne peuvent alléguer aucune des difficultés provenant de leur état, puisque, comme Je te l’ai dit, tout état M’est agréable, tout état est méritoire, pourvu qu’on le suive avec une volonté bonne et sainte. Tout ce qui est, a été fait par Moi qui suis la Souveraine Bonté ; à ce titre, toutes choses sont bonnes et parfaites, et Je vous les ai données non pour que vous y trouviez la mort, mais pour que vous y puisiez la Vie.

 

Obligation bien douce, en vérité ! Qu’y a-t-il de plus doux, de plus délicieux que l’amour ? Et l’amour dont Je te parle, qu’est-il ? Rien que l’amour de Moi et du prochain. Ce devoir d’amour, l’homme le peut remplir en tout temps, en tout lieu, en tout état, en M’aimant et en rapportant toute chose à l’honneur et à la gloire de mon Nom.

 

Mais Je t’ai dit, tu le sais, l’erreur profonde de ceux qui ne se laissent pas guider par cette Lumière. Enfermés dans leur amour égoïste, c’est en dehors de Moi qu’ils aiment les créatures, qu’ils possèdent les biens de ce monde, et ils passent leur vie dans les tourments. S’ils ne changent pas de route, comme Je te l’ai indiqué, ils vont tout droit à la damnation éternelle.

Ainsi, Je t’ai fait connaître comment doit se conduire tout homme sans exception. »

 

 

A suivre…

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