Le Don de la conformité au Christ - Partie VI

Publié le par lepontdusalut

LE DON DE LA CONFORMITE AU CHRIST

Partie VI

 

 

Des maux qui proviennent de l’aveuglement de l’intelligence, et comment le bien, qui n’est pas fait en état de grâce, ne sert de rien pour la Vie éternelle.

 

« Ce que Je viens de te dire était pour te faire mieux comprendre comment les méchants ont un avant-goût de l’enfer, et quelle illusion est la leur ! Je veux t’expliquer maintenant d’où procède leur erreur, et d’où leur vient cet avant-goût de l’enfer.

 

Sache donc que la cause en est qu’ils ont l’œil de l’intelligence aveuglé par l’infidélité, fille de l’amour-propre. Car de même que la Vérité s’acquiert par la Lumière de la Foi, ainsi l’infidélité conduit au mensonge. Je parle de l’infidélité de ceux qui ont reçu le saint Baptême et, dans le saint Baptême, cette pupille de la Foi qui a été insérée dans l’œil de l’intelligence. Arrivés à l’âge de discrétion, s’ils se sont exercés dans la vertu, ils ont conservé la Lumière de la Foi, et ils produisent des fruits de Vie qui profitent au prochain. Comme l’épouse qui met au monde un enfant vivant et le présente tout vivant à son époux, ainsi M’offrent-ils leurs œuvres de Vie, à Moi qui suis l’Epoux de l’âme.

 

C’est le contraire que font ces misérables, qui, à l’âge de raison, alors qu’ils doivent mettre à profit les Lumières de la Foi pour enfanter dans la Grâce des Oeuvres de Vie, ne produisent que des œuvres de mort. Oui, elles sont mortes leurs œuvres, parce que toutes accomplies dans le péché mortel, en dehors de la Lumière de la Foi. Ils ont bien la forme du saint Baptême, mais ils n’en ont plus la Lumière ; ils en sont privés par cette ténèbre de la faute commise par l’amour-propre qui a recouvert la pupille qui les faisait voir. Aussi dit-on de ceux qui ont la foi sans les œuvres, que leur foi est morte. Et de même qu’un mort ne voit pas, de même l’œil de l’intelligence, dont la pupille a été recouverte comme Je t’ai dit, ne voit plus, ne se connaît plus soi-même au milieu des fautes commises.

 

Il ne connaît plus en lui-même ma Bonté qui lui a donné l’être, et toutes les Grâces dont Je l’ai comblé par surcroît. Ne Me connaissant pas, et ne se connaissant pas lui-même, il ne hait pas en lui la sensualité égoïste ; bien plus, il l’aime, il s’emploie à satisfaire ses désirs, et il met ainsi au monde tous les enfants mort-nés qui sont les péchés mortels. Il ne M’aime pas, et ne M’aimant pas, il n’aime pas celui que J’aime, Je veux dire son prochain, et ne met point sa joie à accomplir ce qui Me plait.

 

Telles sont les vraies et réelles Vertus que Je me plais à voir en vous, et non pour mon utilité, car Je ne puis profiter de rien. Je suis Celui sans Lequel rien n’a été fait, sinon le péché, qui n’est pas quelque chose, et qui en privant l’âme de la Grâce, la prive de Moi, le Bien absolu. Ce n’est donc que pour votre utilité à vous, que les bonnes œuvres Me sont agréables, parce que par elles, J’ai quelque chose à récompenser, en Moi qui suis la Vie sans fin.

 

Chez ceux-là au contraire, tu le vois bien, la Foi est morte parce qu’elle est sans les œuvres. Les œuvres qu’ils font, n’ont point de valeur pour la Vie éternelle, parce qu’ils ne possèdent par la Vie de la Grâce. Avec la Grâce ou sans la Grâce, on ne doit pas néanmoins cesser de faire le Bien, parce que tout Bien est récompensé, come toute faute est punie. Le Bien accompli en Grâce et sans péché mortel obtient la Vie éternelle ; et le Bien que l’on fait sans la Grâce ne laisse pas que d’être récompensé, de diverses manières, comme Je te l’ai expliqué.

 

Parfois Je leur accorde, à ces malheureux, le temps de se reconnaître, ou J’inspire pour eux, à mes serviteurs, de continuelles prières qui les retirent des péchés et les sauvent de leurs misères. D’autres fois, ce n’est pas le temps qu’ils reçoivent, ni la prière dont Je dispose en leur faveur ; Je les récompense en biens temporels, les traitant comme l’animal qu’on engraisse pour le mener à la boucherie. Ces créatures, qui toujours et de mille manières ont résisté à ma Bonté, font cependant quelque bien, sans être en état de grâce, et malgré leur état de péché. Ils n’ont pas voulu, dans cette œuvre qui est leur, profiter du temps, ni des prières, ni des autres moyens par lesquels Je les ai appelés. Cependant, bien que réprouvés par Moi, à cause de leurs fautes, ma Bonté ne veut pas laisser cette œuvre sans rémunération. Ce peu de service qu’ils ont fait, Je le récompense en bien temporels. Ils s’y engraissent à plaisir, sans se corriger, et ils arrivent ainsi aux supplices éternels.

 

Tu vois bien qu’ils sont abusés, mais qui les a trompés ? Eux-mêmes !C’est eux-mêmes qui se sont privés de la Lumière de la Foi vivante, et ils vont désormais, comme des aveugles, palpant autour d’eux et s’attachant à tout ce qu’ils touchent. Mais parce qu’ils n’ont plus pour se conduire qu’un œil aveuglé, ils placent leur affection dans les choses qui passent, et voilà leur erreur ! Ils font comme des fous qui ne regardent que l’or et ne voient pas le poison. Sache donc que tous les biens de ce monde, ses délices, ses plaisirs, ils les ont pris, ils les ont acquis, ils les ont possédés sans Moi, par un amour égoïste et désordonné. Ils réalisent parfaitement la parabole des scorpions que Je te contai à tes débuts, après l’allégorie de l’arbre. Je te disais qu’ils portent l’or par-devant et le venin par derrière. Il n’y a point en eux de venin sans l’or, ni d’or sans le venin ; mais ce que l’on voit tout d’abord en eux, c’est l’or. Et personne ne songe à se défendre du venin, sinon ceux qui sont éclairés de la Lumière de la Foi. »

 

 

Comment l’on ne peut observer les commandements, si l’on n’observe les conseils. Et comment, dans quelque état que l’âme choisisse, si sa volonté est bonne et sainte, elle est toujours agréable à Dieu.

 

« Je t’ai parlé de ceux qui, avec le glaive à deux tranchants de la haine du vice et de l’amour de la Vertu, retranchaient pour l’amour de Moi le venin de la sensualité propre, et n’en pouvaient pas moins, s’ils le voulaient, mais conformément à la lumière de la raison, conserver, posséder, acquérir l’or et les biens de la terre. Mais ceux qui voulaient atteindre à une grande perfection les méprisaient, réellement et spirituellement ; ce sont ceux qui observent réellement le conseil qui leur fut donné et proposé par ma Vérité. Ceux qui possèdent observent les commandements et ne suivent les conseils qu’en esprit, non en réalité.

 

Mais comme les conseils sont liés aux commandements, personne ne peut observer les commandements sans observer les conseils, au moins spirituellement. Si l’on possède les richesses du monde, on doit les posséder avec humilité et non avec orgueil, comme une chose prêtée et non comme une chose dont on aurait la pleine propriété, ainsi que ma Bonté les met à votre disposition pour votre propre usage. Vous ne les avez qu’autant que Je vous les donne ; vous ne les conservez qu’autant que Je vous les laisse ; Je ne vous les laisse et Je ne vous les donne qu’autant que Je le juge utile à votre Salut. C’est donc ainsi que vous en devez user.

 

Et en usant de la sorte, l’homme observe les commandements en M’aimant par-dessus-toute chose, et le prochain comme lui-même. Il vit, le cœur dépouillé et détaché par le désir, car il n’aime ces biens et ne les garde que suivant ma Volonté. S’il les possède matériellement, il n’en observe pas moins le conseil par les dispositions de son cœur, puisque, ainsi que Je t’ai dit, il a retranché le venin de l’amour désordonné. Qui agit ainsi demeure dans la charité commune. Mais ceux qui observent les commandements et les conseils non seulement en esprit, mais en réalité, ceux-là sont dans la Charité parfaite : ils observent en toute simplicité le Conseil que ma Vérité, le Verbe incarné, formulait au jeune homme qui lui demandait :

« Maître, que pourrai-je faire pour obtenir la Vie éternelle ? »

« Observez les commandements de la Loi. »

« Je les observe. » répondit-il

« Bien ! » lui dit Jésus,

« Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes et donne-le aux pauvres ! »

Le jeune homme alors devint triste ; il avait encore trop d’attache aux richesses, il les possédait avec trop d’amour, et de là son chagrin.

 

Les parfaits, eux, observent le conseil ; ils quittent les biens de ce monde avec tous ses plaisirs, ils affligent leur corps par les veilles, par la pénitence, par la prière humble et continuelle. Quant aux autres qui sont dans la charité commune, en ne renonçant pas à la possession réelle des richesses, ils ne perdent pas la Vie éternelle, puisqu’ils ne sont pas tenus à ce renoncement. Mais, s’ils veulent posséder les biens temporels, ils doivent faire suivant la manière que Je t’ai enseignée. En les conservant, ils ne pèchent pas, puisque toute chose est bonne, excellente, créée par Moi qui suit la Bonté Souveraine, faite pour le service de mes créatures raisonnables, mais non pour que mes créatures deviennent serves et esclaves des délices du monde. Ceux qui ne désirent pas arriver à la grande perfection, et auxquels il plait de conserver ces biens, les doivent donc posséder en seigneurs, non en esclaves. C’est à Moi que doit aller leur Désir ; tout le reste, ils le doivent aimer non comme chose qui leur appartiendrait en propre, mais comme chose à eux prêtée pour leur service, ainsi que Je t’ai dit. Je ne regarde ni aux personnes, ni aux positions qu’elles occupent : Je n’ai égard qu’aux saints Désirs.

 

Par conséquent, dans tous les états que l’homme choisit, une seule chose importe, c’est que sa volonté soit bonne, sainte, conforme à ma Volonté. Mais qui pourra ainsi se maintenir, en quelque état qu’il soit placé ? Celui qui aura détruit le venin, par la haine de la sensualité propre, et par l’amour de la Vertu. Après avoir rejeté ce venin de la volonté désordonnée, et réglé son désir par l’amour saint, par la crainte qu’il a de Moi, l’homme peut choisir et posséder l’état qui lui plait ; en tout état, il se conduira de façon à gagner la Vie éternelle.

 

Sans doute il est plus parfait et plus méritoire de renoncer non seulement spirituellement, mais réellement à tous les biens de ce monde. Mais si quelqu’un ne se sent pas le courage d’atteindre à cette perfection, si sa fragilité l’empêche de s’y résoudre, il peut demeurer dans la charité commune, selon son état. Ainsi l’a ordonné ma Bonté, pour que nul ne puisse trouver dans son état une excuse à son péché.

 

 Et en Vérité, où serait leur excuse, à ces pécheurs ? Je condescends à leurs passions, à leurs complaisances. Veulent-ils rester dan ce monde, ils peuvent y posséder des richesses, y tenir un rang, vivre dans le mariage, élever des enfants, travailler à leur établissement ; ils ont toute liberté d’y choisir l’état qui leur agrée davantage, à la seule condition, il est vrai, de retrancher le venin de la sensualité propre qui donne la mort éternelle.

 

Et la sensualité est bien véritablement un venin. De même en effet qu’un poison met le corps en souffrance et finalement le tue, s’il ne réussit pas à le vomir ou à prendre quelque remède. Ainsi en est-il de ce scorpion, de l’attachement au monde et aux choses temporelles. Celles-ci, Je te l’ai dit, sont bonnes en elles-mêmes ; c’est Moi la Bonté Souveraine, qui les a faites ; vous pouvez en user comme il vous plait, avec le saint amour, avec la sainte crainte véritable. Mais c’est la volonté perverse de l’homme qui secrète le venin. C’est elle qui empoisonne l’âme et lui donne la mort, si l’âme ne vomit ce poison par une confession sainte qui délivre le coeur de cette affection. Voilà le remède qui guérit de ce venin, bien qu’il semble amer à la sensualité.

 

Tu vois donc combien sont le jouet de leurs illusions ! Ils pourraient M’avoir à eux, Me posséder, fuir la tristesse, trouver la joie et la consolation ; c’est le mal cependant qu’ils choisissent sous couleur de bien, et ils se damnent, en s’attachant à l’or avec un amour désordonné. Mais l’illusion les aveugle, et ils ne voient pas le venin ; s’ils s’aperçoivent de leur empoisonnement, ils ne prennent pas le remède. C’est la croix du démon que portent ces malheureux, avec un avant-goût de l’enfer. »

 

 

A suivre…

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